mercredi 26 juillet 2017

Slam : "journée de la femme"

On continue avec une de mes productions "slamesques" faite à l'occasion de la soirée slam de Saint-Berthevin de mars 2016 qui tombait cette année-là le 8 mars, journée internationale des femmes.
Pour replacer le texte dans son contexte, quelques jours avant, la France recevait très officiellement un dignitaire saoudien pour lui remettre la Légion d'Honneur, et la concomitance de ces événements m'a frappé et inspiré pour écrire ce texte que j'ai fini "à l'arrache" juste avant d'aller à la soirée slam...


Petite intro (facultative) :
Désolé si ce soir, devant vous, mon slam,
Avec rythme et ferveur, point ne vous déclame,
Mais l'inspiration m'a fui, et l'encre est à peine sèche,
Pas eu l'temps d'apprendre mon texte, on peut l'dire, c'est la dèche !

Ce texte parle d'une bonne partie des personnes de l'assistance
Dont certaines d'ailleurs me r'gardent avec insistance.
N'soyez pas impatients, n'en faites pas un drame,
Je vais v'nir sans tarder au sujet de ce slam
Que j'aimerais dédier en cette journée d'la Femme
A celle à qui naguère, j'ai déclaré ma flamme.




D'ailleurs, en ce soir du 8 mars,
Je trouve ça plutôt cocasse
De constater qu'y'a encore quelques heures,
On s'indignait d'la r'mise d'une Légion d'Honneur
A un tyran du Golfe bafouant les Droits d'l'Homme
Certains l'invitant même à se rendre à Sodome :
C'est là aller un peu vite en besogne...

Qui sommes-nous pour juger ce brave homme ?
N-a-t-il pas ses soucis, comme vous, comme moi ?
Ce doit être fatigant d'faire appliquer la loi,
Surtout quand il s'agit d'décapiter un gars...
Faites pas vos mijaurées, vous trouvez ça macabre ?
Mais c'est pas évident d'couper une tête au sabre...
Bien sûr, vous m'direz, et les lapidations ?
Il faut bien, dans la vie, de petites variations...

Maint'nant qu'vous connaissez ce joyeux Saoudite,
Chuis sûr qu'vous lui trouvez un peu plus de mérite.
N'aurait-il pas droit, cet ami de la France
D'accéder lui aussi à l'ultime récompense ?
Comme tant d'autres avant lui, entrés dans la légende :
l'illustre Mimie Mathy, décorée par Hollande,
Ou bien Stone et Charden, "Sarkodhonneurisés"
De tout ce palmarès, il ne serait pas la risée.

Vous voyez qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat...
A la rigueur un opposant politique, mais un chat...

Et puisqu'il faut mettre les points sur les I,
Sachez qu'la cause des femmes progresse en Arabie :
Elles ont l'droit de voter à certaines élections,
Vous voyez bien, j'vous dit, y'a de la progression...
Pas de raison, chez nous, de souffrir de complexe :
Ça fait un bail, ici, qu'il vote, le faible sexe...
Un bail, que dis-je ? C'est une éternité :
Quarante-cinq, première fois, qu'leurs suffrages s'exprimait...
Et pis attends, c'est pas fini, truc de malade :
Y'en a une, une fois, Premier Ministre et tout !
Mais si, tu sais, 'l'avait un nom d'salade...
... Cresson... C'était notre Indira Gandhi à nous ! (Désolé pour Indira Gandhi)
Bon, depuis, pas grand chose, faut pas s'voiler la face :
En 2007, Royal s'est fait mettre sa race
Par le petit teigneux qui aimait les palaces.

En attendant le jour où une femme s'ra aux commandes,
Je veux dédier ces mots, et pas seul'ment à Fernande...

C'est la journée de la Femme, des Femmes, de ta femme,
De ma femme - enfin celle qui va bientôt l'être -
Devant les Hommes...
Tiens, d'ailleurs, c'est bizarre qu'ce soit ainsi qu'on se nomme...
Mais pas devant Dieu vu qu'il existe pas.
Je le sais, c'est Lui qui m'a dit ça...

Bref, c'est la journée d'la Femme, d'la gazelle, de la meuf,
De la daronne, d'ta patronne, de la keuf...
De la midinette à la rombière, de la starlette à ta grand-mère,
Fais-lui la fête, à celle qui t'a vu naître,
Mais pas seul'ment aujourd’hui, si je puis me permettre.
Tu crois pas qu'ça devrait être tous les jours,
Le moment où tu lui prouves ton amour ?
C'est un peu triste, je trouve, d'faire une journée spéciale
Pourquoi pas, tant qu'on n'y est, une journée d'l'orignal ?

Réveillez-vous, les filles, et brûlez vos soutifs,
Comme vos glorieuses aînées, arpentez les manifs !
Y'aura toujours un mec vous traitant d'hystérique,
Mais vous savez mieux qu'moi, qu'au fond, il y a un hic !
Notre beau pays, si soucieux des Droits d'l'Homme,
Vous cantonne à des rôles secondaires, ou tout comme.
Tantôt fille, tantôt sœur, tantôt mère, sinon pute :
Les catégories sont jamais bien loin de l'insulte.

Révoltez-vous, que diable ! Suivez Olympe de Gouges :
Et toutes ensemble, très haut, hissez un drapeau rouge,
Comme un symbole de vie, d'énergie et d'espoir,
Reléguez à tout jamais le machisme dans l'Histoire.
Y'aura toujours des hommes à s'dresser avec vous,
Des partisans d'vot'cause parmi les "pisse-debout"...

Et je conclurai mon slam avec ces mots :
En tant qu'mâle, de ma vie, je n'trouv'rai le repos
Que lorsque l'Homme aura perdu sa majuscule.
Et quitte à paraître quelque peu ridicule,
J'dirai juste pour rester dans le thème :
"Femmes, je vous aime !"

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