mercredi 22 novembre 2017

Je débute en généalogie : par où commencer ?

Par ce nouvel article, je reviens dans le monde du blog après une période compliquée à traverser émotionnellement - j’espère  que vous me pardonnerez de vous avoir abandonnés quelques temps, chers lecteurs - et je réponds du même coup à mon amie Lise, nouvelle jeune maman (bienvenue à votre petite puce) qui avait remporté le tirage au sort lors de mon sondage, et qui me lançait plusieurs défis...


Un de ces défis consistait à écrire un article sur la généalogie. J'en ai déjà écrit quelques-uns : par exemple ici, ou bien là ou encore là... mais celui-ci essaiera d'être plus pédagogique et orienté vers les débutants en la matière.

Vous souhaitez commencer votre généalogie mais vous ne savez pas comment procéder ?
Je vais tenter dans cet article de vous mettre le pied à l'étrier et -qui sait ?- de vous transmettre le virus de la généalogie qui m'a pris il y a près de 20 ans...

La généalogie, étymologiquement parlant, découle du grec ancien signifiant "tracer les origines".
Alors commençons par le commencement et à vrai dire en général le plus facile car le plus accessible : retracer sa propre origine.

Bon, hormis les personnes issues de parents inconnus ou toute autre type de filiation compliquée à retracer, la plupart d'entre vous connaissent sans doute leurs parents. C'est une chance, ne l'oubliez pas !

Alors, en admettant que vous connaissez vos parents, la première chose à faire (non, la deuxième, en fait, la première étant de leur faire part de vos sentiments avant qu'il ne soit trop tard) est de leur parler de votre désir de retracer vos origines. Cela a deux intérêts principaux :

1) engager avec vos parents la discussion autour de sujets parfois peu abordés dans les familles, et pourtant fondamentaux (D'où venons-nous ? Que faisaient nos ancêtres ?... Ne vous étonnez pas s'il y a des sujets qui entraînent de la gêne ou de la crispation, bien souvent les familles ont leurs lot de petits ou grands secrets, parfois enfouis depuis des générations);

2) éventuellement se servir (avec précaution) de la mémoire et des recherches antérieures de vos parents. Peut-être s'étaient-ils eux-même intéressés à la généalogie il y a quelques années sans que vous le sachiez. C'est aussi quelquefois le cas de cousins ou d'oncles et tantes (c'est mon cas) qui ont parfois défriché le terrain pour vous, alors sous réserve du sérieux de ces recherches, pourquoi s'en priver ?

Les sources verbales et familiales sont donc importantes, mais soumises à l'interprétation, à la plus ou moins bonne mémoire des protagonistes, elles devront donc être regardées comme elles sont : des pistes de recherche. En généalogie, le principe de tout bon chercheur est la "traçabilité" de ses infos (c'est-à-dire de pouvoir tracer les infos à partir d'une source digne de foi).

Pour cela, le mieux est encore de partir de documents écrits et officiels, à savoir les livrets de famille et actes d'état civil. (Attention, cela n'est pas parole d’Évangile non plus, les officiers d'état civil n'étant, comme nous tous, que de pauvres humains faillibles...)

Admettons donc que vous avez accès facilement au livret de famille de vos parents. Ou mieux, de vos grands-parents. Voire de vos arrière-grands-parents. Dans ce cas-là, vous avez une bonne base de départ.
Si vous débutez, votre but est sans doute de remonter aussi loin que possible parmi vos ancêtres (soit la branche patrilinéaire, celle de votre "nom de famille", soit le plus loin possible pour vos ancêtres en général). On peut même imaginer que vous souhaitiez retrouver le maximum de collatéraux pour organiser une "cousinade" par exemple. C'est une bonne idée, mais je ne vous le conseille pas forcément dans un premier temps. Ne brûlez pas les étapes (je sais que c'est tentant parfois) !

Commencez donc par lister les événements principaux de vos ancêtres en ligne directe (NMD = Naissance, Mariage, Décès, puis avant la Révolution les registres tenus par les curés : BMS = Baptême, Mariage, Sépulture), et à chaque fois que vous en avez terminé avec un ancêtre, passez au suivant. Il est possible que pour certains quartiers ou branches, vous soyez bloqué à cause d'un déménagement, d'un enfant naturel sans père déclaré, ou tout simplement par impossibilité d'accéder aux archives.

Contrat de mariage en Seine-et-Oise (actuelles Yvelines) en 1654

Mariage à Paris en 1895


Pour ce cas précis, l'accès aux archives, sachez que la plupart des archives départementales (AD) mettent à disposition des généalogistes (le plus souvent gratuitement) les actes d'état civil (et registres paroissiaux avant la Révolution Française) ainsi que parfois d'autres documents intéressants comme les registres matricules (votre ancêtre à peut-être fait son service militaire, voire participé à la Grande Guerre), les recensements de population, les tables décennales (liste très utile pour vos recherches, qui comprend, par périodes de 10 ans, l'ensemble des actes NMD de la commune, cela vous évite, quand vous n'avez qu'une approximation de dates, de devoir chercher dans tous les registres de la commune, année par année), les monographies communales rédigées par les instituteurs, et bien d'autres sources que je ne pourrais citer ici tellement la richesse du fonds dépend de chaque département.

Sachez toutefois qu'en général, les actes accessibles sont ceux qui sont antérieurs à une certaine date, qui dépend elle aussi des départements et de leur capacité à numériser rapidement leurs archives. Enfin, grosso modo, sachez qu'à l'heure actuelle, la moyenne doit tourner autour de 100 ans, c'est-à-dire que hors exception, vous aurez du mal à trouver des actes plus récents dans les registres numérisés. C'est bon à savoir et c'est pour cela que l’étape du recueil des informations familiales (actes, livrets de famille...) peut avoir son importance. Sinon vous serez bons pour vous déplacer directement aux AD concernées voire dans la commune concernée si les actes n'ont pas encore été versés aux AD.

En admettant que tout se passe bien, que vous ayez la chance d'avoir des ancêtres qui n’avaient pas trop la bougeotte, etc, vous devriez sans trop de problème remonter à l'époque révolutionnaire (6 à 10 générations à la louche). Là se posera un premier problème : le calendrier révolutionnaire !

Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

Eh oui, nos amis les révolutionnaires avaient eu la bonne idée d'effacer toute référence à la religion dans la France post-révolutionnaire, il fallait donc réinventer un calendrier expurgé de toute allusion aux saints, aux fêtes chrétiennes, etc. Très bien. Sauf que pour corser l'affaire, les petits coquins ont décidé de renommer, les jours, les semaines et les mois, aboutissant à un calendrier de 12 mois égaux de 30 jours calqués sur les saisons, plus 6 jours intercalaires chaque année... Alors, certes, c'est fleuri, c'est champêtre, ça sonne bien les mois de Brumaire, Floréal, Ventôse, Thermidor, et tutti quanti, mais quand il s'agit de retrouver une date dans le calendrier grégorien (celui qu'on utilise en France depuis 1582, hormis la période 1792-1806), c'est une autre histoire.

C'est assez peu intuitif car les mois révolutionnaires ne concordent pas avec les mois courants, donc on est bien content de savoir qu'il existe des outils pour transposer une date du calendrier grégorien dans le calendrier révolutionnaire (et inversement), ça facilite bien la vie !

Copie d'écran d'un site de conversion de dates

Après (ou plutôt, avant, chronologiquement), en 1582 comme je l'évoquais, le calendrier grégorien a été adopté en France et dans la plupart des pays catholiques mais avant on utilisait le calendrier julien (du nom de Jules César himself !), mais bon, avant que vous n'arriviez jusqu'à cette date fatidique, il vous faudra sans doute un peu de recherches, donc on en reparlera peut-être ultérieurement...

Le deuxième problème que vous devrez affronter sera celui de la transcription des actes écrit parfois en "pattes de mouche", parfois en économisant le papier (nos ancêtres étaient souvent éco-responsables avant l'heure), ou encore par un officier d'état civil ou un curé sachant à peine écrire français ou écrivant "à l'oreille" (si, si, ça arrive...). Sans compter qu'avant une certaine période et si comme moi et la plupart des français vous avez des ancêtres laboureurs, cultivateurs, petits artisans, etc., ils ne savaient bien souvent ni lire ni écrire ni même parfois signer, et que dans les petits villages les homonymes étaient fréquents (noms de famille et prénoms également), alors ne vous ruez pas tête baissée sur la première info, vérifiez, recoupez vos sources, vérifiez encore, afin de ne pas faire des recherches en pure perte et s'apercevoir plus tard que vous vous êtes trompé dès les premiers ancêtres en voulant aller trop vite...

Voila, pour ce qui est de l'écriture, des abréviations, des formulations, vous verrez que vous vous habituerez peu à peu. C'est comme tout, à force d'entrainement, on finit par réussir à déchiffrer la plupart des actes, et si ce n'est pas le cas, de nombreux forums de généalogie et de paléographie existent où vous trouverez sans doute des pistes pour vous débloquer.

La généalogie est l'école de la patience et de la rigueur (c'est tout moi, ça... 😜), il vous faudra apprendre à patiemment éplucher les registres, et aussi à classer les résultats de vos recherches, comme vous le souhaitez, mais de manière à pouvoir facilement y accéder quand vous en avez besoin ou envie. De plus, si vos recherches avancent bien, vous aurez peut-être l'idée de réaliser un bel arbre généalogique. pour cela, il faudra des informations bien rangées là où il faut.
Le plus simple pour ce faire est d'utiliser un logiciel de généalogie gratuit (type Gramps ou Ancestris) ou payant (type Heredis) qui peuvent offrir de multiples fonctionnalités pratiques en plus de sauvegarder le résultat de vos recherches. Mais le mieux est sans doute de vous inscrire sur un site de généalogie en ligne (type Geneanet ou Fillae), qui alliera les fonctionnalités d'un logiciel à celles de la puissance de recherche d'internet et des bases de données utilisateurs existantes. Je suis personnellement chez Geneanet (je précise que je n'ai pas d'actions chez eux) et j'en suis très satisfait. Il existe une offre gratuite et une offre payante qui permet des recherches plus poussées. Pour débuter, je ne pense pas que ce soit la peine.

extrait de mon arbre sur Geneanet


Voila, j'espère que cet article d'initiation à la généalogie vous aura intéressé, et qu'il vous aura donné envie de vous y mettre vous aussi. J'ai essayé d'être à la fois assez généraliste et aussi précis que possible. N'hésitez pas si vous avez des questions sur le sujet.

3 commentaires:

  1. Je précise que cet article se base principalement sur ma propre expérience en généalogie et que j’ai essayé d’être le plus généraliste possible, je n’ai donc volontairement pas abordé certains sujets un peu plus spécifiques, comme les ancêtres émigrants, les ancêtres huguenots ou juifs par exemple, ça a été mon cas pour certains ancêtres, et comme les explications sont un peu plus complexes, je préfère y consacrer un article à part entière, si cela vous intéresse.

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  2. Merci Alex ! Déjà d'avoir répondu au défi, et surtout de l'avoir fait de façon aussi pédagogique et structurée. Quand on lit ton article, on a une irrépressible envie de s'y mettre, se réinventer enquêteur et découvrir les secrets de son passé... Je continue avec la lecture de tes autres articles sur le sujet.

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